Les Pépinières Soupe, à Châtillon-sur-Chalaronne
Des chênes, érables, pins, cèdres…
En 2023, le Crédit agricole Centre-est a choisi de donner un second souffle au parc de 10 hectares de son siège social, à Champagne-au-Mont d’or. 101 arbres ont été plantés. Cette opération d’envergure a été confiée au pépiniériste Daniel Soupe*, dont la démarche alliant préservation de l’environnement et adaptation au changement climatique a séduit.
Pour trouver Daniel Soupe, il faut se rendre à Châtillon-sur-Chalaronne, dans l’Ain. En 1975, il démarre son entreprise avec 3000 m2. Aujourd’hui, ses plantations se répartissent sur 450 hectares et son équipe compte 90 salariés. Sa passion du métier et son goût prononcé pour l’innovation ne sont pas étrangers à ce développement spectaculaire.
Pour Daniel Soupe, respecter les plantes et prendre en compte l’enjeu écologique et climatique sont essentiels ; il ne met plus de pesticides ni d’herbicides sur ses plantations. Son leitmotiv : la bio dynamique ou comment travailler le sol, pour obtenir une terre riche et vivante qui va permettre aux arbres de se développer naturellement, en misant sur de précieux alliés comme les vers de terre. Cette méthode permet également de ne plus avoir besoin d’arroser les jeunes plants, hormis les deux premières années.
Depuis 40 ans, ce passionné sillonne la planète à la recherche d’arbres rares. «J’ai beaucoup voyagé pour trouver des espèces dites de collection et j’ai contribué à démocratiser des essences que l’on plante aujourd’hui de façon très banale. J’ai été le premier, par exemple, à faire connaitre aux Lyonnais Tetradium Danielli, l’arbre à miel originaire des montagnes du nord de la Chine et de la Corée » note-t-il. « J’aime partir sac au dos, découvrir des secteurs géographiques peu connus, fouiner dans les arboretums, dans les collections, aller sur le terrain, marcher, grimper, y compris et parfois dans les arbres pour collecter des échantillons.»
Depuis quelques années, sa quête d’essences nouvelles a pris une nouvelle dimension avec le dérèglement climatique. Daniel Soupe cherche inlassablement des essences pouvant supporter de grandes amplitudes thermiques, la sécheresse et des hivers pluvieux. Exemple au Caucase, d’où il a ramené le chêne à feuilles de châtaignier (Quercus castanei- folia) auquel il croit beaucoup et qu’il veut propager. « C’est un arbre capable de pousser dans différents types de terrain. Très résistant au stress hydrique, il n’a pas de maladies ni de prédateurs connus et s’adapte particulièrement bien à l’atmosphère et aux sols urbains » explique-t-il.
Sa prochaine destination ? Le congrès international du chêne au Mexique, en août 2024, pour découvrir de nouvelles espèces et les ramener en France.
Mais les activités de Daniel Soupe vont bien au-delà de son métier de pépiniériste. Au sein du pôle Recherche & Développement qu’il a créé, il imagine des éco-concepts innovants et efficaces. En témoigne une de ses inventions : des clôtures végétales que rien ne peut traverser, 20 fois plus robustes que celles en béton ! Le concept ? « On plante deux arbustes très épineux et on les tresse à 15 centimètres du sol. C’est un long travail, auquel on intègre du métallique, comme du fil de fer ou de l’anti-bélier, explique Daniel Soupe. Les arbustes vont alors pousser entremêlés, et autour du fil de fer qui sera en tension et fera de la haie végétale, un mur discret et infranchissable ! Ces clôtures végétales ont été testées par le ministère de la Défense, à Paris. Ce qui a permis de démontrer que ce dispositif était bien supérieur à tout ce qui existe, dans le monde, en termes de clôtures passives. »
Autre champ d’innovation développé par l’entreprise : la capacité des végétaux à dépolluer les sols souillés par des éléments chimique, organique ou métallique (connue sous le terme de Phytoremédiation).
Toutes ces aptitudes des arbres, innombrables et encore méconnues, tel est un motif d’optimisme pour Daniel Soupe qui pense résolument que les végétaux sauront s’adapter aux défis qui les attendent. On ne demande qu’à le croire…
*Opération pilotée par la société Wabi Sabi
Les pépinières de Daniel Soupe ont été sélectionnées pour fournir des végétaux qui seront plantés sur plusieurs sites où se dérouleront des épreuves sportives : Porte Maillot, villages des athlètes, haras du Pin, piscine olympique de Taverny etc. Un énorme chantier qui représente 20% du chiffre d’affaires de l’entreprise.